Le dossier d’habilitation se compose de trois volumes :

– un mémoire de synthèse intitulé « Comprendre les dominants. Pour une sociologie de la socialisation des élites » ;
– un volume de sélection de publications ;
– un mémoire original intitulé « L’élite au travail. Un portrait des banquiers d’affaires ».
Ce mémoire interroge la question de la construction et de la légitimation des élites par un portrait des banquiers d’affaires en fusions-acquisitions, un secteur de la finance qui s’impose aujourd’hui comme « la voie royale » la plus prestigieuse pour accéder aux positions dominantes des affaires, et nourrissant les aspirations les plus hautes des élites scolaires. Il repose sur l’exploitation de trois terrains d’enquête. Un premier mené auprès des élèves des grandes écoles de commerce, pour comprendre au plus près comment se construisent les choix d’orientation professionnelle et en particulier comment s’opère l’intériorisation de représentations sur le monde de la finance pour en faire un devenir désirable et désiré. Un second terrain est centré sur l’étude ethnographique d’un département fusions-acquisitions d’une grande banque à Paris, permettant de saisir la socialisation professionnelle en banque d’affaires, en particulier autour de la discipline de travail intensif qui la caractérise. Enfin, un troisième terrain concerne les banquiers de plus de 40 ans et leur conjoint. Ce dernier volet permet de relier la sphère professionnelle et la sphère privée pour comprendre les liens entre socialisation professionnelle et socialisation hors travail, mais aussi l’articulation entre carrière des conjoints, stratégies d’éducation des enfants et conduites de vie. En privilégiant une approche compréhensive, cette recherche révèle la manière dont se construit l’illusion des élites, ce qui oriente leur comportement et lui donne sens, et en particulier la place que prend, avec la diffusion d’une rhétorique méritocratique, l’ascèse de travail intensif comme modalité de distinction sociale des élites et de légitimation de l’ordre social.