Travaux en cours
– Qui gouverne la science ? Sociologie des réformateurs de l'université et de la recherche en France
– Sociologie des champs réformateurs et scientifiques (1880-1914) : compléments d'enquête sur les milieux philanthropiques, réformateurs et savants à Paris et à New York (analyse de réseaux et prosopographie). Mobilisations bourgeoises : les mondes parisiens de la réforme et leurs espaces en 1900.
– La ville des sciences sociales : recherches d’histoire et sociologie des sciences.
Enseignements 2024-2025 :
1 – « Espace et sciences sociales : sur la méthode » (séminaire EHESS avec Isabelle Backouche) – Campus Condorcet (Aubervilliers, métro Front populaire) – Centre de colloques, salle 3.06 – premiers, troisièmes et cinquièmes mardis 16:30-18:30, 19 novembre 2024 au 20 mai 2025
Que peuvent apporter aux recherches en sciences sociales les approches qui prennent en compte l’espace dans la construction de leur objet ? Cette année, nous poursuivrons la réflexion en mettant résolument l’accent sur la méthode. Les sciences sociales inventent constamment de nouveaux objets, de nouveaux modèles d’intelligibilité, de nouveaux protocoles d’observation du monde. Histoire et sociologie, nos ports d’attache, sont, dans une large mesure, des arts d’exécution : les disciplines sont des métiers, elles cultivent et partagent ce que H.S. Becker appelle des tricks of the trade. « Comment fait-on » est donc une question cruciale. Elle est pourtant laissée souvent de côté pour, croit-on, avancer plus vite vers des résultats. C’est cette question qui sera au centre du séminaire.
Nous présenterons des travaux en cours ou achevés, anciens ou récents, « classiques » ou expérimentaux, recherches qui cherchent à nouer espace et société et invitent à discuter des questions de méthode. Certaines sont débattues depuis longtemps dans nos disciplines, mais les termes de la discussion changent, certaines semblent être neuves, toutes méritent d’être visitées ou revisitées. Comment prendre en compte les contextes ? Qui décide du contexte pertinent ? L’anachronisme ou l’ethnocentrisme des questions que nous posons est-il inévitable, voire productif ? Comment l’affronter ? Comment prendre en compte les usages changeants des mots ? Peut-on traduire ? Comment étudier les déplacements dans l’espace des choses, des personnes, des objets culturels ? Et leurs déplacements dans le temps ? Peut-on utiliser des documents produits par les vainqueurs pour accéder aux points de vue des vaincus ? Peut-on accumuler des « data » sans orienter cette quête par des questions ? Le séminaire se propose de réfléchir cette année à quelques-uns de ces thèmes.
2 – « Sociologie des réformes universitaires et du gouvernement de la recherche » (séminaire EHESS avec Hugo Harari-Kermadec, Joël Laillier et Mélanie Sargeac – Campus Condorcet (Aubervilliers, métro Front populaire) – Centre de colloques, salle 3.08 – premiers et troisièmes mardis, du 19 novembre au 3 juin (et le mardi 29 avril) de 10 h 30 à 12 h 30
L’université et la recherche ont connu, en France depuis le début des années 2000, un bouleversement majeur de leur système d’organisation et de gouvernement. Le séminaire présentera et discutera des enquêtes récentes ou en cours qui éclairent ces transformations : différenciation par leurs publics des universités entre elles et vis-à-vis des grandes écoles, changements du recrutement social des étudiants à l’heure de Parcoursup, effets de tri et de classement ; transformation du système de gouvernement de l’enseignement supérieur et de la recherche, déplacements des lieux de pouvoir et conséquences sur la formation et sur la recherche ; sociologie des réformateurs, des nouveaux personnels dirigeants, des réponses des mondes savants. Sur tous ces sujets, on s’attachera à présenter des résultats en même temps qu’à discuter les méthodes d’enquête qui ont permis de les produire.
Ainsi, le séminaire sera l’occasion d’interroger les ressorts d’un mouvement réformateur (comment étudier une réforme, comment une réforme s’élabore, comment elle s’impose, comment elle recrute un personnel pour la mettre en place, quels effets produit-elle, comment elle suscite des résistances …), mais aussi de se former à l’articulation des méthodes d’enquête quantitatives (analyse de réseau, analyse géométrique, méthodes de classification …) avec des approches plus qualitatives (prosopographie, analyse de documents …) et des enquêtes de terrain, en développant un souci réflexif nécessaire au métier de sociologue.
Cette année, le séminaire portera l’attention sur au moins trois aspects : les formes de contestation et de résistances face à la réforme de l’ESR ; les outils de quantification et leurs effets sur les inégalités dans l’ESR ; et les trajectoires des réformateurs.
Brève biographie
Christian Topalov est docteur d’État ès lettres et sciences humaines (1985). Entré au Centre de sociologie urbaine en 1968, puis au CNRS en 1976, il a rejoint le Centre Maurice Halbwachs en 2008. Depuis 1994, il est directeur d’études à l’EHESS. Il a été chercheur ou professeur visitant de longue durée dans plusieurs institutions étrangères : Colegio de Mexico (1978), Architectural Association (1983), Columbia University (1984-1985), King’s College Cambridge (1988), Universidade federal do Rio de Janeiro (1988), New School for Social Research (1989), Istituto universitario di architettura di Venezia (1990), Universidad autónoma de Mexico (1993), Harvard University (1994-1995), University of Michigan (2006), Université de Lausanne (2013). Il a été membre (élu) de la section Sociologie, normes et règles du Comité national de la recherche scientifique (2000-2003), du Comité scientifique du Département des Sciences humaines et sociales du CNRS (2006-2010), du Conseil scientifique de l’EHESS (2009-2010), membre nommé du Conseil scientifique de l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (2011-2013). Co-fondateur de la revue Genèses. Sciences sociales et histoire, il a été membre de son comité de rédaction de 1989 à 2017.
