Cette thèse prend pour objet la dynamique d’institutionnalisation de l’administration de la CEE/UE sous l’angle des groupes de professionnels et savoirs de gouvernement qu’elle a attirés à elle. Elle se focalise sur l’autorité des économistes de la Commission européenne dans la fabrique de l’action publique communautaire depuis 1958. L’enquête menée reconstitue la trajectoire de ces acteurs dans le champ du pouvoir, notamment dans les champs académiques et bureaucratiques. Elle tient ensemble l’évolution de la sociologie des économistes recrutés, des façons dont ils ont été mis au travail et produit des effets sur l’exécutif européen et l’élaboration de politiques économiques. Ce travail objective ainsi la tortueuse stabilisation de ce groupe comme noblesse d’Europe aux rôles multiples, et ses conditions de possibilité. Il est le produit d’une enquête multi-méthodes : si elle s’appuie principalement sur des archives de l’administration communautaire ou d’anciens hauts fonctionnaires, elle repose également sur une centaine d’entretiens avec des personnels en poste ou retraités, six mois d’observation participante au sein de la Commission européenne, et l’exploitation d’une base de données sur 7526 agents de la Commission, issue d’une enquête collective. À partir du cas particulier des économistes de la CEE, cette recherche pose la question fondamentale de ce qu’est un économiste d’institution, au croisement de la figure du bureaucrate interchangeable wéberien et de celle presque inverse de l’expert au savoir spécifique et courtisé.
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