L’autisme est, à l’heure actuelle, un champ intensément conflictuel dont l’origine reste obscure. L’objectif de cette thèse serait de tenter de l’éclaircir. Se présentent des enjeux de catégorisation, des enjeux de socialisation et des enjeux affectifs. Ces enjeux nous orientent vers les problématiques liées à la relation, la réciprocité et la subjectivité. En me saisissant de celles-ci en tant que pistes exploratoires, j’aborde la question de l’origine de ces conflits via une approche pluridisciplinaire et ethnographique, à la fois sociologique, historique, médico-psychologique et philosophique, en m’astreignant à suivre un fil d’exploration guidé par ma propre subjectivité. La première partie analyse les positionnements contradictoires entre une équipe soignante et moi, alors stagiaire en psychologie, au sein d’un hôpital de jour pour enfants autistes de bas niveau. Cette analyse m’amène à questionner, dans une seconde partie, la catégorie « autisme », qui s’ancre dans celle de « l’idiotisme » du XIXème siècle, le long d’un parcours socio-historique de 1845 à nos jours. Dans une troisième partie, j’explore la construction mythologique d’une autre opposition constitutive du champ contemporain : celle de l’autisme de Kanner et du syndrome d’Asperger. Après cette exploration des oppositions collatérales, propres à l’autisme, je plonge au cœur du conflit, dans une quatrième partie, en analysant celui qui entoure Bettelheim et les anti-psychanalystes, avec l’objectif d’échapper à l’extrême polarité du conflit. Ce parcours m’amène à élaborer l’hypothèse d’une mécanique accusatrice, entre haine la honte, régulée par des théories contenantes, parfois violemment opposées les unes aux autres. La société, tant bien que mal, tenterait d’amortir ainsi l’impact destructeur de l’étrange sur les relations humaines.
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