Ce travail de thèse est consacré aux suivis diététiques en libéral. Il repose sur une enquête qualitative qui associe entretiens, avec des praticiens et des patients, et observations de consultations diététiques. Nous nous attachons dans un premier temps à caractériser les trajectoires, positions sociales et conditions de travail des enquêtés diététiciennes et diététiciens. Dans un second temps, la thèse analyse le déroulement des consultations et des suivis, du point de vue des praticiens et de leurs patients. Alors qu’ils sont principalement formés à l’administration de régimes thérapeutiques ou de rations équilibrées, les praticiens libéraux, confrontés à des patients sains désirant maigrir, doivent adapter leurs recommandations aux attentes de leurs patients.
Dans le cadre d’un marché diététique sur lequel les prix mais également les normes et les représentations, notamment, régulent la rencontre entre les offreurs et les demandeurs de services d’accompagnement à l’amaigrissement, nous observons comment les diététiciennes et diététiciens font valoir leurs différences pour accroître ou préserver la taille de leur patientèle. Ces derniers sont cependant confrontés à un impératif de résultats. La perte de poids effective, mesurée lors de chaque consultation à l’occasion de « la pesée », apparaît comme le principal critère d’évaluation auquel recourent les patients. Or, le recours aux régimes amaigrissants est stigmatisé et pensé comme inefficace. Les praticiens libéraux mettent donc en ouvre des méthodes alternatives. Ces dernières, sous couvert d’une efficacité naturelle et universelle, s’avèrent cependant situées socialement et potentiellement inefficaces pour les patients appartenant aux classes populaires. Les diététiciennes et diététiciens rencontrés doivent alors composer avec les propriétés sociales, parfois hétérogènes, de leurs patientes et patients.
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