Cette recherche porte sur les violences sexuelles subies par les hommes. Elle adopte une approche biographique et s’intéresse aux rapports d’âge imbriqués au genre, à la sexualité et la classe. Les analyses s’appuient sur deux enquêtes quantitatives, Virage (2015) et CSF (2006), articulées à cinquante entretiens biographiques. Les hommes sont 3,1% à déclarer des violences sexuelles au cours de la vie, les faits ont presque exclusivement lieu avant 25 ans et sont perpétrées par d’autres hommes, toujours plus âgés. Elles prennent place dans un contexte de banalisation des violences et de leur silenciation, par les auteurs, dans l’institution familiale comme dans un contexte socio-historique spécifique mais toujours inégalitaire. Ces violences constituent des facteurs de vulnérabilité sur les parcours de vie et affectent le rapport aux normes des hommes : ils se positionnent de manière moins inégalitaire que l’ensemble des hommes, au sein d’un espace des masculinités opposant masculinités hégémoniques égalitariste et conservatrice. Les “parcours de violences” (constitués des trajectoires d’exposition, de silenciation, de qualification et d’énonciation) se distinguent en deux groupes, à partir de six trajectoires types d’exposition préalablement isolées : les hommes ayant vécu des violences (très) jeunes et/ou cumulées, notamment au sein de la famille ou de l’entourage proche ; et ceux les ayant subies à l’adolescence ou durant la jeunesse, dans des contextes scolaires, de sociabilités masculines et d’entrées dans la sexualité. Les premiers ont, plus fréquemment que les seconds, un parcours de vie marqué durablement par les parcours de violences. Les hommes non hétérosexuels sont plus exposés, plus silenciés, moins soutenus.
École Normale Supérieure
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