Dans une région où se concentrent de nombreux cas de conflits fonciers, les agentes de la Commission pastorale de la terre (CPT) effectuent, depuis 1975, un travail de base, accompagnant certaines communautés rurales et favorisant la mobilisation autour de la réforme agraire et de la dénonciation de la violence en milieu rural (violência no campo). À travers un travail de nature ethnographique, réalisé à différentes périodes, de 2014 à 2019, avec des équipes d’agentes de la CPT dans le sud et le sud-est de l’état du Pará, je cherche à décrire et à analyser deux phénomènes. Le premier est la manière dont les agentes participent à la production de publics, dans le sens où ielles stimulent, dans les occupations de terre et campements, la composition de collectifs-pour- mobilisation capables de formuler le problème de l’accès précaire à la terre et de faire entendre leurs revendications aux acteurs étatiques, paraétatiques et non- gouvernementaux visant à sa résolution. Le second est la manière dont opère le compromisso des agentes, c’est-à-dire leur engagement militant et sa reproduction, malgré l’adversité croissante qui se pose face au service qu’ielles réalisent, et cela en raison de l’affaiblissement de la mobilisation (baisse continue des occupations) et du démantèlement de la politique agraire ces dernières années. La continuité de l’engagement passe par la mística qui, à son tour, implique une façon singulière de vivre la religion dans le cadre du christianisme. En se basant sur le cas de la CPT, la thèse entend contribuer aux réflexions en cours sur les différentes médiations possibles entre politique et religion.
École Normale Supérieure
Bâtiment Oïkos
48 boulevard Jourdan
75014 PARIS