La thèse se déploie à partir de l’hypothèse que la Côte d’Ivoire a connu une crise protéiforme (de 1990 à 2020) entraînant une profonde mutation des relations entre religieux institutionnels (musulmans, évangéliques et catholiques) et autorités politiques (hauts fonctionnaires, cadres de partis et élus). Avec l’instauration du libéralisme politique et culturel à partir de 1990, les religieux font irruption sur l’espace politico-médiatique ivoirien en même temps que l’ancien parti unique périclite irrémédiablement. Ils sortent de la réserve et du silence qu’ils observaient jusque-là. Quant à eux, les politiques mettent en place des stratégies visant à un meilleur contrôle de l’espace religieux et à la diminution de la marge de manœuvres des imams, des pasteurs, des prêtres et des évêques passés au politique. L’ordre des choses durant les trois décennies de crise veut que les religieux se politisent autant que des acteurs politiques s’emparent de la religion de diverses manières. Il en découle une instrumentalisation mutuelle ; surtout une mise en place de relations politico-religieuses reconfigurées et sans commune mesure avec celles de l’ère monopartite.
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