Cette thèse consiste en une ethnographie des univers relationnels qui accompagnent l’élaboration et la circulation de l’huile de palme parmi les Yoómbe, sous-groupe ethnolinguistique des Bakongo, du village Kayi Mbinga dans la forêt de Mayombe, province du Kongo Central, République Démocratique du Congo (RDC). Les Yoómbe produisent cette huile pour approvisionner une demande locale, issue des villes de la région. Principale source de revenus pour les membres de la maisonnée, l’huile fonctionne aussi comme monnaie, en tant qu’unité de compte, réserve de valeur et moyen de paiement. Ce travail analyse les flux qui, en constituant l’huile de palme, assemblent palmiers, personnes et maisons. Soumis aux différences de genre et à l’influence de certaines moralités, ces flux définissent aussi les espaces de la forêt et les usages de l’argent.
L’univers relationnel attaché à l’huile de palme est porteur d’une histoire qui renvoie aux liaisons Yoómbe avec le palmier Elaeis guineensis, au commerce avec les Portugais et à la colonisation belge. Le village Kayi Mbinga a servi de laboratoire colonial pour augmenter l’exportation de ce produit, utilisé par les industries européennes afin de lubrifier les machines et comme composant de produits manufacturés. La thèse démontre que les circuits globaux sont expérimentés localement, étant incorporés aux pratiques ordinaires et à la mémoire collective. Elle apporte ainsi une contribution à l’anthropologie de la parenté et de la maison, en montrant que le palmier et les substances qui en dérivent (les grains, le vin et l’huile de palme) sont essentiels à la formation des personnes, des générations et de l’intimité parmi les Yoómbe.
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