Les inscriptions dans l’enseignement supérieur ont été multipliées par près de neuf entre 1960 et 2018. Cependant, derrière cette apparente généralisation du modèle de la poursuite d’études longues, se dissimulent des pratiques d’orientation qui varient en fonction de l’origine géographique et sociale des élèves. Si peu de recherches ont apporté des éléments de connaissance sur le lien entre territoires et pratiques d’orientation au lycée, les travaux sur ce sujet sont plus rares encore depuis les réformes récentes du secondaire et du supérieur. En 2018, la réforme du baccalauréat a supprimé les anciennes filières de la voie générale (S, ES, L) et introduit un système permettant aux élèves de choisir librement trois spécialités en Première, puis deux en Terminale. Cette réforme s’accompagne de la loi ORE du 8 mars 2018 introduisant notamment la plateforme Parcoursup.
Ma thèse, co-dirigée par Florence Weber et Joanie Cayouette-Remblière, analyse les choix d’orientation des lycéen·ne·s, dans le contexte des réformes de 2018, en fonction de leur espace de socialisation et de scolarisation, afin de mieux comprendre les dimensions socio-spatiales des inégalités scolaires.
Mon approche méthodologique s’articule autour de deux volets complémentaires : d’une part, une analyse quantitative nationales (Parcoursup, SISE, Post-bac) visant à étudier les variations des vœux d’orientation en fonction des territoires, du type de commune, de la catégorie socioprofessionnelle des ménages, du genre et des performances scolaires ; d’autre part, une enquête ethnographique longitudinale réalisée dans trois lycées situés dans des espaces géographiques variés, chacun ayant un bassin de recrutement composé d’élèves provenant, à des proportions différentes, de divers types de communes (urbaines denses, périphériques favorisées et défavorisées, périurbaines, et rurales éloignées et périphériques). Cette enquête ethnographique poursuit deux objectifs complémentaires, permettant une triangulation des données : 1) observer les pratiques d’orientation institutionnelles mises en œuvre par les enseignants et le personnel administratif au sein des établissements ; 2) suivre le parcours de 30 lycéen·ne·s, sélectionné·e·s en Seconde jusqu’à leur entrée dans l’enseignement supérieur, en réalisant des entretiens annuels avec les élèves et leurs parents.
Ce faisant, la thèse vise à comprendre les choix d’orientation « en train de se faire » et à analyser la construction des différenciations des parcours scolaires.
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