Cette thèse vise à décrire de façon très précise, au moyen d’une enquête ethnographique, les ressources disponibles dans le milieu de vie des personnes à la rue, que ce soit en termes d’assistance institutionnelle ou de débrouille hors institution. Plus précisément, il s’agit de comprendre comment des personnes combinent, à l’échelle microsociologique de leur vie quotidienne, dans l’environnement urbain du Grand Paris, les aides matérielles proposées par les institutions et les expédients procurés par des pratiques économiques, souvent invisibles du point de vue des institutions (récupération, vente illicite, manche, vol, réseaux informels d’échanges, etc.). Un premier moment de l’enquête ethnographique permettra de lister et de décrire toutes ces pratiques tout en étant attentif à leurs ancrages spatiaux (cartographie de ces activités à l’échelle de Paris, mise en relation avec une cartographie des services d’aide). Un second moment, relevant d’une micro-anthropologie économique, se fera par des suivis, au jour le jour, de personnes engagées dans ces pratiques. Elle permettra de décrire, en recourant à la méthode d’ethnocomptabilité, des budgets individuels, et d’y faire la part des apports des activités économiques autonomes et des revenus et services d’assistance dans la vie des plus démunis. Toutes ces activités vont de pair avec le développement de réseaux de relations sociales dans lesquels elles sont encastrées. L’analyse de réseaux égocentrés et une microsociologie des mondes sociaux permettront d’en rendre compte. En s’inscrivant dans une collaboration avec le Samusocial de Paris, cette thèse se donne pour objectif d’accroitre les connaissances scientifiques sur le problème du sans-abrisme tout en produisant des savoirs pratiques, utiles pour orienter de façon pertinente les actions humanitaires de cette organisation.
École Normale Supérieure
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