Depuis la loi de 2005, l’inclusion d’élèves en situation de handicap en « milieu ordinaire » a crû considérablement. Si la médicalisation des difficultés scolaires et le rapport stratégique de certaines familles au dispositif d’inclusion ont été mis en lumière, les usages des troubles médicaux par les familles et les professionnelles, notamment la catégorie des « troubles spécifiques des apprentissages » ont été peu explicités. C’est l’objet de cette thèse, qui s’appuie sur une enquête ethnographique menée de 2017 à 2019, d’abord dans le centre de médecine scolaire du quartier en tant que médecin scolaire, puis dans un cabinet d’orthophonie libérale comme observateur participant. Notre objectif est de saisir les liens entre les difficultés scolaires des enfants, leurs difficultés sociales et familiales, les troubles médicaux et les relations entre enseignantes, enfants et mères au sein même de l’école. Comment expliquer l’extrême diversité des trajectoires médico-scolaires d’enfants scolarisés dans un quartier populaire ? Comment les mères s’approprient-elles les diagnostics et s’orientent dans le champ local ? Comment les écoles reconnaissent-elles ou non les diagnostics médicaux ? À partir d’un dispositif d’enquête qui permet de saisir le point de vue des enfants, la fratrie toute entière, l’état de la famille (ou « maisonnée ») à un moment donné de la trajectoire, et les rapports entretenus entre les professionnelles et la famille, la thèse éclaire de manière inédite sur les trajectoires sociales des parents et leur confrontation au champ médico-scolaire local. Elle met ainsi en évidence les ressources et les contraintes du territoire et les « configurations de soin » qui façonnent les trajectoires des enfants.
École Normale Supérieure
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