Cette étude propose une analyse du concours d’entrée dans les universités en Chine (le Gaokao) en tant que lieu d’échange entre l’État, représenté par l’institution scolaire, et la famille. Elle a pour visée principale l’étude des effets sociaux des classements scolaires qui sont construits à partir de l’évaluation quantifiante des élèves, et qui incitent dès lors les familles à collaborer à l’entreprise de massification de l’éducation.
Cette thèse s’appuie sur une enquête de terrain qualitative sur la préparation du concours, effectuée pendant 12 mois au sein de deux lycées à Pékin, durant laquelle un travail d’observation de la préparation au concours du Gaokao a pu être réalisé ainsi que des entretiens avec des élèves, des enseignants, des responsables des établissements scolaires, et des parents. Elle puise aussi dans des enquêtes de terrain plus ponctuelles menées dans des lycées de trois provinces chinoises, ainsi que dans des sources écrites : archives historiques, enquêtes nationales, articles de presse. Elle a été complétée, enfin, par une enquête par questionnaire.
Dans une première partie, cette thèse analyse la centralisation des capitaux symboliques par l’État grâce au régime de sélection adopté, qui à la fois oriente les « élites de différents domaines » par la construction de l’exemplarité dans le concours et incorpore différemment les capitaux culturels et sociaux. La deuxième partie s’interroge sur la légitimation morale des classements à travers l’usage social qui est fait de la « compétence », et des processus d’évaluation et de quantification de celle-ci, par les notes d’examen dans les pratiques quotidiennes des enseignants. La troisième partie étudie l’engagement des élèves dans la préparation du concours en fonction de la valeur qu’ils accordent à leur place dans ses classements et à l’effort scolaire. La quatrième partie aborde directement la question de l’échange symbolique qui s’opère entre l’école et la famille autour du futur jugé désirable pour l’enfant.
Cette thèse permet ainsi de comprendre comment le pouvoir public chinois, en légitimant l’ordre hiérarchique des individus établi par le concours national étudié, a réussi à mobiliser des ressources privées pour atteindre un objectif national.
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