La transition entre les catégories d’âge est essentielle pour marquer la différence sociale et fait partie du processus de formation de la personne, de la naissance à la vieillesse. Dans cette thèse, j’analyse les effets du passage du temps à travers les différences entre les catégories d’âge et la manière dont la notion de parenté est construite par la relation entre les générations. Je réfléchis à la dimension corporelle de la maturation des enfants et du vieillissement des adultes dans le processus de formation de la personne et la construction de l’idée de famille, en intégrant les conceptions et les incertitudes sur la vie et la mort à Baradè, en Haïti. Je présente quelques hypothèses sur le sens et la perception de ces différences d’âge entre les générations à partir de l’articulation du concept de personne et des groupes d’âge pertinents dans le matériel ethnographique produit entre 2012 et 2019. Le soin apporté à la nourriture révèle des préoccupations centrales concernant le corps qui accompagnent chaque catégorie d’âge (nouveau-né, bébé, jeune enfant, garçon, fille, adulte, vieux et très vieux). Les circonstances de la production et de la préparation des aliments, qu’ils soient cultivés et préparés localement ou importés de l’extérieur du village, reflètent également une préoccupation quant au moment de leur consommation (s’ils sont consommés pendant la journée ou pendant la nuit). De même, la circulation des personnes dans la vie quotidienne est marquée par le critère d’âge – les enfants ne doivent pas quitter la maison ou rester éveillés pendant la nuit sous peine de tomber malades, et les adultes qui dorment pendant la journée sont considérés comme malades. Afin de comprendre ces transformations, je divise la thèse en deux parties : la première traite des activités diurnes, et la seconde de la vie nocturne. Les principaux arguments développés dans les quatre chapitres de ce travail sont : a) les groupes d’âge sont des catégories comparatives et sont proportionnellement définies par rapport à l’environnement et aux autres, la situation de recherche étant également conditionnée par ce critère ; b) la perception du flux entre les catégories d’âge n’est pas unilatéralement orientée vers la vieillesse ou la mort et peut varier selon la comparaison des capacités et des restrictions dans diverses proportions (corporelles, temporelles, sociales et linguistiques) ; c) le passage entre les catégories d’âge se produit de manière continue, incorporant la différence des générations dans les actes de parenté, les façons de nommer les autres et soi-même, ainsi que les visions de la naissance, de l’héritage et de la mort ; d) les signes de l’articulation entre les catégories d’âge présentent également des points d’indétermination dans le passage du temps et des oublis lors de moments liminaires entre les générations. Ainsi, je cherche à démontrer comment les catégories d’âge et leurs termes relationnels, enfant et adulte, sont construits dans l’interaction entre les générations, offrant une interprétation des processus de maturité et de vieillissement dans la communauté.
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