Objet de réformes contestées, les retraites sont pourtant peu étudiées par les sociologues. Considérant la retraite comme une institution donnant accès à un revenu à la valeur économique et symbolique très différenciée, cette thèse analyse la recomposition des rapports sociaux au cours de la vieillesse à partir de l’observation statistique et ethnographique de l’accès aux droits à la retraite.
L’étude de la quantification des inégalités de pension et l’analyse originale de l’Échantillon interrégimes de retraités montrent comment le système de retraite invisibilise mais prolonge les inégalités de genre, de classe et de race qui se jouent sur le marché du travail. La catégorie socioprofessionnelle, le sexe et la trajectoire migratoire pèsent sur les montants et, aussi, sur les types de pension. Or l’étude du fonctionnement de la Cnav, du travail de ses agent·es et des intermédiaires associatifs militant pour l’accès aux droits montre que ces différentes pensions sont attribuées, contrôlées voire remises en cause dans des conditions très variées. La légitimité de la pension de retraite s’avère genrée et racialisée. L’observation des parcours des bénéficiaires du travail associatif, au travers de leurs dossiers, d’entretiens et d’observations dans une association et au tribunal, montre que, dans les classes populaires en particulier, les rapports sociaux de sexe et de race façonnent des positions sociales plus ou moins précaires et un rapport à l’État plus ou moins incertain. Analyser les retraites permet ainsi de mieux comprendre comment s’articulent rapports sociaux de sexe, de race et de classe à un âge souvent laissé de côté par les analyses de la stratification sociale.
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