Centre Maurice Halbwachs

L’aventure des colporteurs des Alpes

Éditions :

Le Dauphiné Libéré
24/11/2023
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la littérature peint le colporteur comme un coquin, un homme de ruses, mi-marchand, mi-voleur, qui vient de loin et qui vend l’utile et le rêve. Il est aussi un homme qui fait peur, et les traités de police au XVIIIe siècle demandent d’arrêter au premier délit tous les colporteurs de passage. Enfin, au siècle dernier, comme les mendiants, il est banni des entrées d’immeubles…
Pourtant, du Moyen Âge à la guerre de 1914-1918, ces petits marchands ambulants étaient attendus avec impatience dans les plats pays pour les nouvelles qu’ils apportaient, pour les récits d’événements incroyables dont ils disaient avoir été témoins. Grâce à eux, on goûtait les nouvelles consommations, le thé, le café, le chocolat ; on offrait les objets de mode et les petits bijoux qui faisaient rêver la femme courtisée ou que l’on aimait à porter sur soi pour affirmer son identité. Les élites attendaient, elles, les livres interdits…
Les historiens ont longtemps négligé ces marchands, comme d’ailleurs les vallées dont ils venaient. Au XXe siècle, Braudel écrit de la montagne : « Son histoire c’est de n’en point avoir » ; et des colporteurs, il ne retient que « les croquis amusés » que les citadins dessinaient d’eux.
Mais aller dans les vallées recueillir, à la suite du Musée dauphinois, les lettres échangées et les archives familiales, et apprendre des transactions que les notaires enregistraient, fait découvrir une autre histoire, celle de nombreuses familles qui se sont enrichies en parcourant l’Europe et le monde, inventant de nouvelles manières de commercer et apportant des marchandises et des idées inédites qui ont transformé les sociétés parcourues comme les manières de vivre au village.