Cette thèse analyse les rapports sociaux de sexe au sein du Komala, une organisation d’extrême gauche kurde qui émerge sur la scène politique dès la victoire de la révolution de 1979 en Iran. Afin de rendre visibles des évènements ignorés de cette période, tant par les recherches que par les mouvements politiques et sociaux en Iran, elle analyse la participation des femmes et les inégalités entre femmes et hommes au sein de cette organisation en se focalisant sur les expériences des femmes. Pour ce faire, cette thèse s’appuie sur des récits de vie d’ex-peshmergas recueillis dans le cadre d’entretiens. Les trajectoires militantes des femmes kurdes analysées à l’aide des corpus théoriques des études de genre et féministes permettent d’observer l’articulation, les continuités et les reconfigurations entre la division sexuelle du travail reproductif, la division sexuelle du travail révolutionnaire et les représentations sexistes. Selon les résultats de cette thèse, les divisions sexuelles du travail se reconfigurent au sein de l’organisation en relations inégales et asymétriques entre les hommes et les femmes. Alors que les femmes kurdes étaient jusqu’à la révolution de 1979 socialement assignées à l’espace domestique, elles jouent un nouveau rôle de peshmergas (ou combattantes en kurde), qui reste néanmoins difficilement accessibles. Leur cheminement pour entrer dans la vie politique, notamment la lutte armée, marquée par la masculinité et la non-mixité, rencontre de nombreux obstacles et empêchements. Bien que cette organisation se soit considérée comme révolutionnaire et avant-gardiste sur les normes de genre et malgré les efforts des femmes pour modifier cet ordre social, le Komala reste structurée par la division sexuelle du travail dans un contexte de conflits armés.
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