Centre Maurice Halbwachs

Yohann Morival

Les Europes du Patronat Français

L’enjeu "Europe" au sein des organisations patronales françaises depuis 1948

Comment l’Europe est-elle constituée comme un enjeu distinct au sein des organisations patronales françaises ? Ainsi formulé, l’objectif de cette thèse peut surprendre tant l’intégration européenne est régulièrement présentée comme un processus exogène et univoque s’imposant aux acteurs nationaux. Pourtant, entre 1948 et 2014, plusieurs acteurs s’opposent sur le sens à donner à l’Europe dans les organisations patronales étudiées (s’agit-il d’un enjeu global ou sectoriel ?) et la manière de la traiter (faut-il ou non des structures spécialisées ?). Pour comprendre ces pratiques et représentations concurrentes de l’Europe, cette thèse se situe au carrefour de la sociologie des organisations patronales et d’une socio-histoire de l’intégration européenne. Elle mobilise des archives, des entretiens et des observations concernant principalement la confédération patronale française (le CNPF-MEDEF) et incluant plusieurs fédérations sectorielles.

La première partie analyse la définition de plusieurs prises de position sur l’intégration européenne au sein du CNPF-MEDEF. Elle indique l’impossibilité de circonscrire un espace stable où sont produites ces décisions sur la période étudiée. L’architecture institutionnelle du CNPF-MEDEF est régulièrement modifiée et les formes d’investissements de ses représentants dans plusieurs organisations européennes fluctuent. Si la diffusion de l’Europe dans le groupe facilite son appropriation par

quelques dirigeants de la confédération patronale, ils n’imposent pas leur point de vue aux membres. Afin d’expliquer les réussites variables de l’adoption d’une décision sur l’Europe, cette thèse met l’accent sur les différentes modalités d’obtention d’un consensus au sein du CNPF-MEDEF.

La seconde partie explicite la constitution des différentes légitimités revendiquées pour traiter l’Europe par les acteurs patronaux, à la fois dans les organisations nationales et à l’échelle européenne. La récurrence du débat au sein des organisations étudiées sur le fait de savoir si l’Europe n’est pas trop « politique » pour être un enjeu patronal indique la difficulté des chargés Europe à s’imposer face aux tenants d’une approche plus sectorielle. De même, l’enquête historique décrit une évolution des modalités d’action à l’échelle européenne des représentants patronaux français. Ce faisant, il devient possible de saisir la différenciation pratique des échelles nationale et européenne sans pour autant les considérer comme des niveaux autonomes.

Direction

Composition du jury

Laurence Badel, Professeure d’histoire, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Arnaud Mias, Professeur de sociologie, Université Paris-Dauphine
Hélène Michel, Professeure de science politique, IEP de Strasbourg, (rapporteure).
Michel Offerlé, Professeur de science politique, ENS, (directeur de thèse).
Antoine Roger, Professeur de science politique, IEP de Bordeaux, (rapporteur).
Antoine Vauchez, Directeur de recherche au CNRS, CESSP.

Soutenance

19/11/2015

14h00

ENS, 48 Bd Jourdan, 75014 Paris, Salle 10
Posted on 19/05/2021 par Yohann Morival (last update on 22/06/2021)