Cette thèse a pour objet l’espace des clubs de cadres et de dirigeants racialisés, au sens des regroupements s’appropriant la forme « club » et problématisant l’appartenance à un groupe à la fois doté en ressources socioéconomiques et racialisé, autrement dit dont l’altérité est radicalisée. Au croisement de la sociologie des mobilisations, des élites, de la racialisation et de la migration, la thèse interroge les conditions d’émergence et les principes de structuration de cet espace en se fondant sur une enquête de terrain combinant plusieurs méthodes (entretiens, observation, sociographie, analyse documentaire). La sociogenèse montre que cet espace naît d’un mouvement d’autonomisation de la gauche politique et d’insertion de la cause dans l’espace économique et patronal. La thèse montre ensuite que cet espace est constitué par trois pôles, dont les discours sont plus ou moins critiques ou conformistes envers une idéologie dominante de réussite caractérisée, en France, par la valorisation de la méritocratie et de l’élitisme scolaires, un interdit communautaire, et une injonction d’acculturation et d’invisibilisation des marqueurs de différence. L’analyse des trajectoires des fondateurs, des propriétés des membres, des ressources et des relations des clubs avec la sphère économique et politique et l’espace patronal de représentation montre que les rapports des clubs à l’idéologie sont étroitement liés à leurs propriétés de classe. L’observation révèle enfin les effets internes de la proximité plus ou moins forte des clubs avec l’espace patronal de représentation ainsi que la sphère politique et médiatique, avec des relations sociales oscillant entre concurrence et convivialité.
École Normale Supérieure
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