A l’heure de la mondialisation et dans un contexte économique où différentes formes d’inégalités, d’exclusions et de précarités s’enchevêtrent, ni la fermeture des frontières européennes ni les risques bien connus de la migration clandestine n’arrêtent le désir de l’« ailleurs » chez les jeunes algériens de moins de trente ans. Cette détermination de quitter l’Algérie exprime à la fois un « mal-être », une perte de patience et de confiance dans les institutions et la volonté de changer de vie en s’inventant un avenir de l’autre côté de la Méditerranée. Le phénomène de la migration clandestine, qui représente un défi pour les politiques migratoires européennes, constitue le nouveau visage des mouvements migratoires algériens. Cette thèse de doctorat cherche à saisir, d’un point de vue subjectif, les expériences migratoires illégales des jeunes algériens, âgés entre 18 et 30 ans, dans une perspective sociologique compréhensive. Elle analyse le lien social qui relie, dans le temps et dans l’espace, des acteurs migrants au sein de réseaux migratoires clandestins afin d’approcher leurs stratégies d’organisation et de survie en France. L’intention est de prendre en considération la force des réseaux sociaux qui sous-tendent la migration clandestine et la capacité d’agir des migrants clandestins dans un contexte migratoire de plus en plus restrictif. Ainsi, l’analyse du lien social dans le processus migratoire illégal permet de ré-interroger la problématique qui s’attache à tenir ensemble les contraintes des espaces traversés et les expériences des personnes en mouvement et d’appréhender la manière dont s’entrecroisent et s’ajustent les liens sociaux, assemblés dans des relations de solidarité et de réciprocité, pour garantir l’invisibilité et la survie. En définitive, aborder la problématique des migrants clandestins algériens en France, c’est rendre visible des individus invisibles.
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