L’objet de la recherche porte sur une analyse du processus de professionnalisation de trois groupes professionnels « historiques » du travail social : assistant de service social, éducateur spécialisé, conseiller en économie sociale et familiale.
Sont mis au jour des imbrications complexes entre intérêts collectifs et individuels des différents protagonistes. Ces processus rendent compte des recompositions professionnelles à l’œuvre mêlant trois niveaux d’entendement : le niveau macro social impliquant de nouvelles régulations politiques, administratives et juridiques ; le niveau méso social avec l’introduction de nouvelles logiques managériales au sein des organisations de travail ; et enfin le niveau micro social qui appréhende le parcours biographique et professionnel de chaque individu.
Depuis les années 1980, le secteur de l’action sociale et médico-sociale connaît des transformations dans un contexte socio-économique et politique lui-même en mutation au sortir des Trente Glorieuses, marqué par une crise économique durable et structurelle. Les années 2000 se présentent comme une étape majeure dans les transformations de la professionnalisation du secteur. Les instances de tutelle, adoptent des stratégies introduisant de nouvelles régulations politiques et administratives dans le champ de la formation à travers des réformes d’ampleur.
Au-delà de la codification des activités de travail et des compétences formalisées et standardisées dans des référentiels professionnels, elles visent des fluidités, des mobilités entre les groupes pour un exercice professionnel polyvalent au sein des organisations de travail. Il s’agit, en d’autres termes, de formes de décloisonnement professionnel qui privilégient la mission plutôt que le métier dans le contexte du Nouveau Management Public traversant les organisations.
Sont analysés dans la recherche, les rapports sociaux dans lesquels se jouent les segments et quels en sont les enjeux et symétriquement les zones de recouvrement. Ces dernières énoncent comment les groupes professionnels du travail social, en dépit de la revendication d’une identité collective spécifique, cherchent à se reconnaître au sein d’une communauté de pairs travailleurs sociaux. La quête d’une reconnaissance commune dans le champ professionnel du travail social fait entrer en tension les logiques identitaires de chacun des groupes, d’un côté, et les logiques hétéronomes de la tutelle et des employeurs principaux, de l’autre.
École Normale Supérieure
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