Au croisement d’une socio-histoire des quartiers populaires, d’une ethnographie des activités artistiques d’une sociologie de la culture, cette thèse étudie de l’évolution de la pratique des disciplines du hip-hop en France depuis le début des années 1980. La méthode allie des entretiens semi-directifs avec différents protagonistes, l’observation directe des activités d’associations spécialisées dans le hip-hop dans des quartiers populaires en région parisienne, l’analyse d’archives et le traitement statistique d’une base de données. La thèse décrit l’émergence de ces activités artistiques en France et leur réappropriation privilégiée par des jeunes hommes habitant des quartiers populaires et/ou enfants d’immigrés. Disposant de certaines ressources sociales distinctives, ces « pionniers » aspirent à être reconnus comme des artistes et, ce faisant, œuvrent à la revalorisation symbolique des jeunes de cités dans leur ensemble. Néanmoins, seuls quelques membres de cette élite artistique des cités parviennent à vivre durablement de leur art. À la fin des années 1990, certains créent des associations spécialisées dans les quartiers populaires dont ils sont issus afin de transmettre la pratique aux plus jeunes. La deuxième génération qui émerge alors partage le même recrutement social de classe, de sexe et de race que leurs aînés. Mais ses pratiquants profitent d’une ouverture marchande et institutionnelle qui leur permet de diffuser largement leur art au « grand public » en échange de nombreuses rétributions matérielles et symboliques. L’observation des modalités de leur pratique quotidienne et routinière permet alors d’analyser, plus largement, l’évolution des rapports sociaux de sexe, des rapports au politique, aux institutions et au marché chez les jeunes des cités.
École Normale Supérieure
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