Ce travail de thèse rappelle que la famille, construction historique et sociale, est loin de n’être qu’une affaire privée. Elle est traversée d’injonctions que les dispositifs de la Protection de l’Enfance et de la Protection Judiciaire de la Jeunesse permettent de révéler.
L’enquête réalisée dans un département francilien a permis de constituer un corpus de 59 entretiens avec des parents d’enfants pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance ou la Protection Judiciaire de la Jeunesse, de 12 entretiens avec les professionnels et de 122 dossiers administratifs.
Trois grands idéaux-types d’expériences vécues des parents sont dégagés : la sollicitation se caractérise par la valorisation des moyens et des buts légitimes de parvenir à la congruence éducative avec les institutions.
L’observance renvoie à des formes de prise de conscience de sa responsabilité qui s’attache davantage à la conformité aux moyens de la culture légitime qu’à ses fins. L’opposition, enfin, est marquée par un refus des normes institutionnelles et des formes de résistance au stigmate.
L’analyse de l’articulation des prescriptions professionnelles contenues dans les dossiers et de la réception qu’en font les usagers révèle les logiques à l’œuvre dans les interventions socio-éducatives. Cette tension produite entre principes de la loi, pratiques institutionnelles et effets ressentis par les usagers engendre des logiques d’interventions qui opèrent une hiérarchisation des usagers fondée sur leur aptitude à intérioriser les normes de parentalité.
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