Cette thèse a pour objet la régulation de la pauvreté au Brésil dans le cadre du Programme « ?Bolsa Família? », une politique sociale de transferts conditionnels de revenus qui cristallise de manière exemplaire le débat et l’expérience vécue de la pauvreté au Brésil. On y explique comment les mécanismes de régulation de la pauvreté interagissent avec les pratiques locales de citoyenneté. En effet, l’accès des pauvres aux droits sociaux et l’exercice de leurs droits politiques sont l’objet d’un processus de régulation par les valeurs familiales dans un contexte de fortes inégalités sociales. Au-delà du fait que l’aide sociale dépende de l’organisation familiale, la mise en œuvre du Programme « ?Bolsa Família? » se fait selon des règles informelles, reflétant les représentations sociales dominantes de la pauvreté au Brésil. De plus, l’octroi des allocations sociales dépend en partie de rapports personnels entre les bénéficiaires et les élus et les candidats politiques. Ces relations varient selon un répertoire d’évaluation des candidats politiques par les bénéficiaires du programme. Ce travail s’appuie sur une étude de cas dans la région Nordeste du Brésil — dans une municipalité moyenne de l’État du Ceará. Une approche ethnographique a permis l’identification de la logique de fonctionnement d’une machine politico-électorale impliquant assistance sociale, élus, assistantes sociales et bénéficiaires. De façon plus générale, cette thèse étudie les interactions qui lient les pauvres à l’ensemble de la société, sous l’angle localisé des enjeux contemporains de la régulation de la pauvreté, et contribue à l’étude de l’utilisation politico-électorale de l’assistance sociale.
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