Cette thèse interroge les processus sociaux d’accès des femmes aux positions historiquement réservées aux hommes. En mobilisant la sociologie du genre, de la musique, de l’éducation et du travail, elle analyse l’entrée des femmes dans le monde des instrumentistes de musique traditionnelle en Grèce. À partir d’entretiens biographiques, d’archives, de sources institutionnelles et de données quantitatives, la thèse montre que la féminisation ces trente dernières années s’est appuyée sur deux processus : la formalisation de l’apprentissage instrumental, en particulier dans un cadre scolaire, et l’essor des opportunités d’emploi dans le milieu du renouveau de la musique traditionnelle. Ces transformations ont produit des reconfigurations des pratiques et représentations sexuées et une banalisation des trajectoires de femmes instrumentistes. Mais minoritaires dans un monde artistique dominé par les hommes, les femmes ne peuvent se maintenir dans la pratique musicale que sous conditions. Elles doivent cumuler des ressources et négocier les contraintes de genre pour parvenir à s’imposer. Analysant les évolutions des formes d’apprentissage et des mondes musicaux, cette thèse contribue ainsi à saisir les mécanismes de production des rapports de genre dans le marché du travail artistique.
École Normale Supérieure
Bâtiment Oïkos
48 boulevard Jourdan
75014 PARIS