Au croisement de l’ethnographie économique, de l’anthropologie de la parenté et des études des mondes ruraux, cette thèse traite de l’imbrication de différentes sphères économiques dans le cadre de la poly-activité ainsi que de l’inscription spatiale des pratiques économiques dans un milieu agraire de montagne du Haut-Atlas marocain. Ce faisant, il s’agit de questionner la structuration de l’espace, les processus de catégorisation des lieux et des personnes à partir de la notion de monde à portée empruntée à la phénoménologie.
Basée sur une étude ethnographique de deux ans au sein d’un village, des réseaux de migration, et auprès de touristes et porteurs de projets de « solidarité internationale », l’analyse est centrée sur les pratiques économiques en tant que situations dans lesquelles s’engagent des personnes et sur la constitution des groupes sociaux en tant qu’ils ont lieu dans le cadre de pratiques effectives. Dans ce contexte où l’économie domestique est le cadre de nombre d’activités productives et où parmi celles-ci l’agro-pastoralisme tient une place importante, l’analyse des pratiques est conjointe à celle de la parenté pratique, que l’on considère l’organisation des groupes domestiques ou encore la circulation des patrimoines et des statuts au sein des lignées. Au-delà de ces productions, échanges et consommations à base locale, les pratiques économiques observées ont lieu dans des espaces plus larges : marchés des biens et marchés du travail accessibles par la mobilité, économie du tourisme mettant en scène allochtones et autochtones, ou encore économie de l’humanitaire constituant le village comme centre d’une scène sociale transnationale.
L’analyse de ces pratiques, de leurs imbrications et des liens ainsi constitués permet de questionner les logiques de la structuration du monde vécu et de la construction en situation du monde à portée.
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