Dans le système français, la procédure d’orientation en fin de collège constitue le premier grand filtre scolaire et social traversé par les élèves. Les pratiques d’orientation, qui ont évolué historiquement au sein de cadres institutionnels mouvants, sont aujourd’hui au cœur du travail enseignant, des politiques d’allongement des scolarités et de réduction des inégalités sociales de parcours scolaire. La thèse s’appuie sur une enquête ethnographique de deux ans, au sein de deux collèges d’une même commune et auprès des familles et de leurs enfants, afin de montrer la nécessité de prendre en compte l’histoire sociale et l’offre scolaire locales pour analyser les mécanismes sociaux sous-jacents aux carrières scolaires. La thèse montre comment les pratiques d’orientations sont sources des tensions entre acteurs scolaires, notamment parce que l’orientation des élèves constitue un enjeu majeur dans un contexte de concurrence entre établissements, organisée par l’institution plus que par les stratégies familiales, et qu’elle constitue un des vecteurs d’une culture de l’évaluation. Ces tensions entraînent une certaine prudence de la part des élèves et de leurs parents, qui mène, dans ces collèges particulièrement défavorisés, à des formes de désinflation des aspirations scolaires. Face aux injonctions – parfois contradictoires – liées à l’allongement de la scolarité, les logiques parentales relèvent de formes de mobilisation ou de résistance qui dépendent, outre du genre de l’élève, des différents capitaux dont disposent les familles, et tracent des frontières entre différents groupes selon leur appartenance sociale et leur parcours migratoire.
École Normale Supérieure
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