“On oppose ordinairement parlementarisme et extrême droite. On admet alors que l’un et l’autre seraient distincts par essence : le parlementarisme générerait des débats, puis des décisions collectives ou progressistes, et l’extrême droite imposerait une vision rétrograde, inégalitaire et violente de et dans la société. Pourtant, dans de nombreuses configurations historiques, des extrêmes droites dures se sont structurées avant, après et pendant un passage par la voie parlementaire. Pour dépasser les dichotomies a-historiques entre « parti antisystème » et « parti du système » (catégories polysémiques et vernaculaires) et disposer d’outils d’analyses qui intègrent les manières dont un Parlement peut –à l’encontre de ses propres principes officiels – procurer des ressources à des partis de droite radicale, cette thèse propose de partir de la réalité statistique et matérielle de la présence d’élites partisanes d’extrême droite dans des Parlements. Reposant principalement sur une ethnographie menée auprès de membres d’équipes parlementaires Front national (FN) de la huitième législature au Parlement européen, cette thèse s’inscrit dans la continuité des études sur les stratégies de conquête du pouvoir par des partis d’extrême droite, s’intéressant au passage au moins partiel par la voie parlementaire. Basée sur une ethnographie de trois ans et demie au Parlement européen et dans les meetings du FN, elle défend l’idée que cette « étape parlementaire » est fondamentale pour de nombreux partis d’extrême droite. Elle constitue une étape décisive dans la formation de ses membres, étape qui a jusqu’ici peu été documentée par les sciences sociales.”
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