Cette recherche doctorale porte sur l’histoire des pratiques scienti?ques du Bureau international du travail de Genève entre 1920 et 1939. Celles-ci sont appréhendées comme un moment de rencontre entre deux types de préoccupations, scienti?que et politique, visant à faire advenir une morale internationale fondée sur la science sociale. En posant le cadre général des recherches de l’organisation, assorti d’une description des trajectoires et d’une analyse des discours des fonctionnaires chargés de les mettre en œuvre, cette thèse explore l’usage qui est fait de la science et de la scienti?cité au BIT. Cette œuvre positiviste est ensuite scrutée de l’intérieur par une étude de la méthodologie d’une enquête particulière, l’Enquête sur la production, et aux marges par la contribution des acteurs de sciences sociales régulièrement mobilisés par le directeur de l’organisation. C’est dans le cadre d’une histoire des sciences sociales et des statistiques que ces activités sont inscrites, avec une focale particulière sur les sciences sociales durkheimiennes, dont la présence est ici questionnée. L’apport propre de quatre disciples d’Emile Durkheim au travail scienti?que du Bureau international du travail est étudié, dans une attention constante à leur production intellectuelle et à la forme de leur engagement. Inversement, notre travail s’intéresse à l’appropriation, par ces durkheimiens, de la ?nalité morale de l’organisation internationale, comme partie intégrante de leur œuvre scienti?que. Ce moment particulier d’interaction entre la science et l’action nous permet de faire tenir en un seul récit une histoire des pratiques administratives du Bureau international du travail et une histoire des sciences sociales de l’entre-deux-guerres.
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