Nous avons la tristesse de vous informer du décès d’Eric Brian ce 13 août. Membre du CMH depuis ses débuts, il avait quitté le laboratoire en 2022 pour rejoindre le Centre de recherches historiques de l’EHESS.
Ancien élève de l’Ecole polytechnique, docteur en mathématiques (1986) et docteur en histoire (1990), Eric Brian réunissait des qualités scientifiques rares qui allaient caractériser son profil scientifique. Officier, docteur-ingénieur, il rédige une première thèse en statistiques à l’université d’Orsay. Il est assistant de recherche en histoire économique au Département d’histoire de Columbia University (New York) et prépare en parallèle une thèse sous la direction de Jean-Claude Perrot (histoire intellectuelle), de Pierre Bourdieu (sociologie des instruments symboliques) et d’Ernest Coumet (érudition critique) qui donnera lieu à une publication importante sur La Mesure de l’Etat. Administrateurs et géomètres au XVIIIe siècle (Albin Michel, 1994).
Élu maître de conférence à l’EHESS (1990) et directeur d’études (1999), il a été chercheur associé à l’INED, co-fondateur de l’unité de recherches «Histoire et population » qu’il a dirigée jusqu’en 2015. En 2008, il est appelé à la direction du CNRS où il a occupé les fonctions de directeur scientifique adjoint.
Il est entré en 1995 à la Fondation « Pour la science » pour la diriger et reprendre la direction de la Revue de synthèse qu’il a assumée jusqu’à sa mort.
Au CMH, il a contribué à la création (et a dirigé) la formation doctorale « Sciences de la société ».
L’histoire des sciences, des statistiques et des sciences sociales ont constitué ses domaines de recherche dans lesquels il a produit d’importants travaux, soucieux des archives, de l’importance des instruments de recherche, de la réédition critique des œuvres.
À l’œuvre de Maurice Halbwachs, il a consacré de nombreux travaux : avec sa compagne Marie Jaisson, une réédition critique (2005) du Point de vue du nombre (volume 7 de l’Encyclopédie française) qui a donné lieu à une recherche sur Le sexisme de la première heure. Hasard et sociologie (2007). En 2019, il rééditait avec d’importants commentaires et la collaboration du mathématicien Laurent Mazliak et Hugo Lavenant, Le Calcul des probabilités à la portée de tous, co-écrit par Maurice Halbwachs et Maurice Fréchet (1924). Sa participation aux journées Maurice Halbwachs à Weimar en 2021 a constitué l’une de ses dernières interventions au CMH.
Chercheur exigeant, rigoureux, excellent connaisseur des sciences sociales, remarquable passeur entre les sciences, parfois rugueux dans l’échange, il nous laisse un héritage intellectuel précieux. Ses réflexions critiques sur l’usage des chiffres, l’incertitude, le hasard, par les économistes dans Comment tremble la main invisible. Incertitude et marchés (2009), et, plus généralement, cette année encore, dans sa dernière publication Pour en finir avec l’ivresse de l’abstraction numérique. Chiffres, statistiques, data (Classiques Garnier, 2025) resteront d’autres contributions majeures aux sciences sociales.
À sa compagne Marie Jaisson, à sa famille et à ses proches, nous adressons nos sincères condoléances.

Nouvel·le arrivant·e
Fabrice Guilbaud
Maître de conférences à l’Université de Picardie Jules Verne depuis 2009, membre du CURAPP-ESS (UMR