Centre Maurice Halbwachs

Natürliche Körper. Die body politics der europäischen Lebenreform

Dans l’histoire récente, un certain nombre de mouvements ont mené une politique au nom de la nature et se sont ainsi présentés comme apolitiques. En tant qu’exemple d’une telle politique naturalisée, cette thèse étudie le mouvement naturiste européen du début du XXe siècle (1890-1940). La naturopathie, le végétarisme et le nudisme constituaient les courants principaux de ce mouvement, qui percevait l’homme moderne comme malade et voulait le guérir par un « retour à la nature ». Leur réforme visait une conception alternative du corps individuel, qui devait être modelé « naturellement » au moyen de techniques corporelles de médecine alternative. La thèse étudie la genèse et le fonctionnement de ce « corps naturel » réformé dans une perspective d’histoire des connaissances et analyse ainsi la manière dont le mouvement faisait de la politique par le médium du savoir corporel. La première partie reconstitue les bases de connaissances sur lesquelles se nourrissaient les doctrines de médecine alternative du naturisme et qui la rendaient plausible pour ses partisans. Pour cela, nous examinons quels conflits, en fin de compte politiques, étaient négociés par le biais du savoir corporel. En effet, dans la querelle sur la cause correcte de la maladie, c’est notamment la capacité d’agir du sujet dans la modernité qui a été contestée, et cette question politique a donné aux débats leur caractère explosif. Même au sein du mouvement, les différentes conceptions du sujet n’étaient pas discutées explicitement, mais par le biais de la connaissance du corps. La question de savoir si l’homme devait mener une vie austère ou hédoniste, si l’individu ou un collectif tel que la classe ou la « race » était l’acteur le plus important, ou encore comment les hommes devaient se situer les uns par rapport aux autres dans une société future conforme à la nature, a été abordée comme une dispute sur la « nature de l’homme » et a donc été soustraite à la négociation politique. L’analyse des implications politiques du savoir naturiste permet de comprendre la dialectique entre la prétention apolitique et les conséquences politiques du mouvement. De cette manière, la question de l’appartenance politique et culturelle du premier mouvement alternatif peut être reposée. Ainsi, le mouvement ne s’avère ni « préfasciste » ni « de gauche » – deux interprétations courantes – mais plutôt marqué par un individualisme emphatique qui le rendait compatible avec la culture libérale prétendument « apolitique » de la bourgeoisie européenne du tournant du siècle.

Supervised by

  • Eric Brian

Co-direction

Katja Patzel-Mattern

Composition of the jury

M. Eric Brian (Directeur de thèse), EHESS
Mme Katja Patzel-Mattern (Directrice de thèse), Université de Heidelberg
Mme Stefanie Gänger, Université de Heidelberg
M. Michael Homberg, Leibniz-Zentrum für Zeitgeschichte, Potsdam
M. Birgit Nemec, Université de Berlin
Mme Anne Quinchon-Caudal, Université Paris-Dauphine

Defence

23/06/2025

11h00

Université de Heidelberg (Allemagne)
Publiée le 2024-02-26 par Webmaster (dernière modification le 2025-07-24)