Autre affiliation : Formation doctorale Anthropologie sociale et ethnologie, EHESS

Sujet de thèse : Un miracle andalou ? Des petits paysans aux entrepreneurs de l'agrobiologie

Directeur de thèse : Benoît de L'Estoile

J’étudie l’émergence, dans une localité de l’extrême sud-ouest de l’Andalousie marquée par le culte de la Vierge, d’une nouvelle classe d’entrepreneurs issus de petites exploitations familiales, et porteurs d’un modèle certifié biologique mais intensif. Réabordant le domaine fortement exploré, depuis les travaux fondateurs de J. Pitt-Rivers, des études « méditérraneistes », et me démarquant d’une conception figée d’une société étudiée pour les « permanences » de sa structure et de ses rites, je me propose d’explorer la formation de ce nouveau groupe, qui déplace les normes économiques et symboliques établies. Ces acteurs, qui se situent en rupture à l’égard de leurs héritages familiaux, se sont extraits de leur milieu d’origine par la certification biologique, celle-ci ayant rendu possible l’intégration à un nouveau marché, tourné vers le commerce d’exportation. En étant valorisée politiquement, la certification « bio » constitue un outil permettant à la fois d’accéder plus facilement à des ressources naturelles essentielles (la terre et l’eau), et pouvant redistribuer des positions de pouvoir, anciennement établies.

Mon hypothèse est que ces « entrepreneurs du bio » réinvestissent les sphères religieuse et politique, par les nouvelles possibilités que leur confèrent les certifications biologiques. Ainsi, par l’ethnographie, je me propose de montrer comment, selon un double paradoxe, les discours et les outils propres au paradigme du « soutenable » prennent corps à travers l’essor de pratiques industrielles avancées, tout en étant articulés à la vie religieuse locale.

Axes de recherche :

anthropologie politique - anthropologie économique - anthropologie des mondes agricoles