Autre affiliation : Lab’Urba (UPEC)
Discipline : Sociologie
Sujet de thèse : L’espace et le temps de l’accueil des exilés en environnement urbain. La création de liens sociaux et de sentiments d’attachement au prisme de la spatio-temporalité de l’hospitalité.
Directeur.rice.s de thèse : Serge Paugam & Camille Gardesse
PRÉSENTATION :
La loi asile et immigration, adoptée par le gouvernement en août 2018, a suscité de nombreuses critiques, notamment de la part d’associations et de mouvements citoyens. Cela rappelle le décalage qui existe actuellement entre une hostilité des pouvoirs publics – qui privilégient de plus en plus le volet répressif de la politique d’asile (multiplication des contrôles, enfermements, expulsions) – et des formes croissantes de solidarité individuelle ou collective envers les personnes exilées. En effet, les pratiques d’hospitalité citoyenne se développent sous différents modes et à différentes échelles. Entre le village et la métropole, les villes moyennes constituent un cadre privilégié pour étudier ces phénomènes puisque leur organisation sociale et spatiale intermédiaire rend possible des mobilités et des rencontres ni trop concentrées, ni trop diluées. Alors que de plus en plus de réfugiés et demandeurs d’asile, arrivés massivement en région parisienne, sont relocalisés en province, les villes moyennes tendent de plus à devenir un environnement prépondérant de transition ou d’installation des personnes exilées. Il paraît donc important de s’intéresser au vécu quotidien qui s’y dessine pour ces dernières. En effet, si la condition d’exilé repose sur l’impermanence spatiale et temporelle, on peut se demander dans quelle mesure les démarches d’hospitalité permettent d’acquérir une nouvelle forme de stabilité et d’autonomie. De plus, le partage de moments et de lieux communs qu’occasionne l’accueil contribue à la création de liens sociaux et de sentiments d’attachement dont on peut interroger les caractéristiques. Aussi, nous faisons l’hypothèse que les pratiques de l’espace et du temps des différents acteurs de l’hospitalité, à travers les processus de partage et d’appropriation, peuvent nous renseigner sur les modalités de la solidarité en jeu. L’hébergement à domicile, en concentrant ces réalités au sein du foyer, apparaît comme une entrée saillante sur de telles questions. Cette hospitalité privée prend place au sein d’un environnement urbain à l’échelle duquel se déclinent également certaines formes d’accueil. Nous supposons que l’articulation de ces deux sphères, domestique et urbaine, permet de mettre d’autant mieux en lumière la façon dont l’accueil des exilés affecte les enjeux individuels et collectifs, familiaux et territoriaux. Ainsi, à travers une étude ethnographique des expériences spatio-temporelles de l’hospitalité privée et urbaine, à la fois du côté des résidants locaux et des individus exilés, nous analyserons les formes de liens sociaux et d’attachement qui se développent entre ces derniers, et selon quelles modalités.
AXES DE RECHERCHE :
École Normale Supérieure
Bâtiment Oïkos
48 boulevard Jourdan
75014 PARIS