Nous proposons une analyse longitudinale des transformations de la finance au sein de l’entreprise PSA en tenant ensemble les dimensions industrielles, financières et familiales donnant sa forme au groupe automobile. Ce faisant, nous apportons un éclairage original aux transformations classiquement associées à la financiarisation à partir d’une démarche endogène. D’une part, l’analyse des archives de l’entreprise permet de restituer la transformation des fonctions, acteurs, dispositifs et enjeux de la finance d’entreprise à partir des années 1960, période peu considérée sous l’angle financier, jusqu’à 2019. Nous analysons les facteurs d’évolution, de formalisation plus ou moins forte du contrôle financier interne et externe, mais aussi les conditions institutionnelles à leur efficacité organisationnelle. D’autre part, nous nous appuyons sur l’analyse de quarante entretiens semi-directifs avec d’anciens et actuels dirigeants financiers et familiaux de PSA. En outre, nous restituons les trajectoires et la perception des dirigeants – familiaux ou non – des sociétés familiales Peugeot se situant en amont du groupe automobile. Nous abordons les dimensions subjectives de ces transformations, l’évolution des instruments, des rationalités et tensions qui les fondent et déterminent leurs usages. Nous soulignons que la famille Peugeot a cherché, durant une grande partie de son histoire, à préserver le contrôle familial du groupe industriel afin de se protéger d’investisseurs externes. Néanmoins, à partir des années 1990, la recherche de ce contrôle entraîne la cotation en Bourse de la holding de contrôle elle-même. Ainsi, nous observons une évolution parallèle originale et désajustée : d’une part le maintien jusqu’en 2014 du contrôle absolu des sociétés de famille sur PSA ; d’autre part un mouvement de diversification de l’actif familial au niveau supérieur : FFP, la principale société financière du groupe familial.
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