Notre thèse renouvelle l’analyse de la philanthropie, en offrant une perspective « par le bas » de celle-ci, la concevant comme relation de mobilisation. Fondé sur une enquête qualitative (entretiens, ethnographie, archives, analyse de documents) menée en France et aux Etats-Unis, ce travail se centre en particulier sur le cas des associations d’American Friends des institutions culturelles françaises, qui sont des organisations permettant à des mécènes américains de faire des dons défiscalisés à des institutions étrangères. Croisant une thématique bien investie par les travaux sur la philanthropie individuelle nationale (la question de la relation philanthropique et des acteurs philanthropiques) avec une perspective transnationale, notre thèse pose la question suivante : Qu’est-ce que le transnational « fait » à la mobilisation philanthropique ? Elle interroge ainsi la manière dont la philanthropie au-delà des frontières conduit à une forme particulière de mobilisation des élites. Elle démontre que la mobilisation philanthropique transnationale nécessite la mise en œuvre d’une forme d’« intermédiation diplomatique ». Participant au renouvellement des études sur la diplomatie, en les croisant avec la littérature sur l’intermédiation, notre thèse dévoile les liens étroits qui existent entre philanthropie et diplomatie. S’intéressant en particulier aux acteurs, elle contribue à la sociologie des élites à travers l’analyse des luttes de pouvoir, des hiérarchisations et modes de distinction des élites dans une perspective transnationale. S’appuyant sur une approche compréhensive, elle met également en avant le rôle des représentations dans les relations inter- et transnationales. Enfin, adoptant une approche écologique, elle contribue aux réflexions sur les transformations de l’Etat, et notamment les reconfigurations public / privé.
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