Cette recherche retrace la formation des préoccupations environnementales au sein des organisations syndicales (CGT et CFTC-CFDT) en France, en articulant une démarche d’histoire sociale des mondes du travail et d’histoire environnementale. En croisant des sources nationales et locales (dans le Rhône et en Ille-et-Vilaine), mais aussi des archives syndicales ou publiques, cette thèse identifie à la fois les interactions des syndicalistes avec des acteurs extérieurs (administrations, employeurs, associations) en matière d’environnement et souligne la singularité du positionnement syndical.
Les années d’après-guerre sont marquées par des discours confédéraux concernant l’usage des ressources naturelles dans le cadre des politiques industrielles, l’aménagement du territoire, ou le recours aux substances pathogènes et la pollution affectant les salariés dans et hors l’espace de travail. L’étude des années soixante et soixante-dix permet ensuite d’observer l’affirmation d’un environnementalisme propre aux organisations de travailleurs, qui se précise lors des controverses menées à l’heure de l’émergence des politiques publiques de l’environnement et des conflits portés par les mouvements écologistes.
Trois conclusions principales se dégagent de cette étude. Premièrement, l’intervention syndicale est largement conditionnée par la mutation du système énergétique, qui constitue un critère central dans la réflexion des confédérations. De plus, le droit encadrant l’activité syndicale, comme la fragmentation interne au droit régulant l’industrialisation (droit du travail et droit de l’environnement) renforce la difficulté rencontrée par les organisations de salariés pour intervenir face aux nuisances. Deuxièmement, au tournant de la décennie 1970, les structures syndicales mènent un effort de définition de leur approche environnementale et se démarquent des pouvoirs publics comme des employeurs. Enfin, les propositions formulées par les représentants des salariés pour aménager les politiques publiques intègrent une attention constante aux inégalités environnementales.
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